Voici les premiers échos de notre bel été avec MAGIS…
Avec Magis été à Penboc’h du 1er au 7 août dernier :
Témoignage d’INES : « En prévoyant mon été, je suis tombée sur la session MAGIS pour les jeunes de 18 à 30 ans. C’est un peu à l’aveugle que je me suis lancée dans cette semaine : cela faisait quelques années que je m’étais distancée de l’église, mais ressentais depuis peu le besoin de m’en rapprocher. J’avais deux objectifs en tête à mon arrivée à Penboc’h: faire le bilan de mon année avant de partir à l’étranger en septembre, et découvrir la méthode ignatienne dont j’avais entendu parler. Cette semaine a été un savant équilibre entre détente, réflexion, et fous rire – beaucoup de fous rire. Le cadre était magnifique, le jardin donnant sur le golfe du Morbihan. La journée était rythmée par des topos, temps libre, et cercle de relecture avec cinq autres jeunes et un animateur. Un temps était dédié chaque après-midi au partage des passions de chacun : c’est comme cela que je me suis retrouvée à animer un atelier initiation rugby, et à participer à des activités allant du qi gong (gymnastique traditionnelle chinoise), à une discussion sur les choix de vie en passant par des times up endiablés. Rien n’était obligatoire, ni les prières, ni les messes, ni les activités, laissant une véritable liberté de choisir, sans être jugé. C’est bien à cœur ouvert que se sont faites les discussions. Je n’ai ressenti ni honte ni quoi que ce soit de négatif au moment où j’ai partagé mes colères, mes interrogations, mes coups de gueule; l’ouverture autant d’esprit que de cœur des Jésuites est à mes yeux une vraie force pour cela. L’équipe encadrante était constituée d’un couple, de deux Jésuites dont l’un avait notre âge, de deux sœurs, et d’une jeune qui avait fait la session il y a deux ans de cela. Cette diversité dans les profils des animateurs et des autres jeunes, ainsi que l’humour de chacun ont permis de véritables échanges saupoudrés d’une bonne dose de joie. Je repars de cette semaine avec un bilan de l’année, ainsi qu’un fil conducteur pour la prochaine, accompagnée d’une méthode de discernement à la Saint Ignace. Je repars le cœur apaisé, de beaux souvenirs en tête et le sentiment un peu plus vivace que je dois bien avoir une place dans cette Eglise. »
TOUJOURS SUR MAGIS ETE, témoignage de Pierre, un jeune jésuite : Cette première participation à une session Magis Penboch a été, à bien des égards, une expérience de joie profonde et d’émerveillement. Parlons d’abord du lieu ! Combien de fois ai-je entendu de la part des jeunes à quel point cet endroit était source pour eux de consolation. Cela n’a rien d’un scoop, mais il n’empêche que cette grande bicoque et son parc ouvrant sur un large et paisible horizon produit quelque chose en nous. Cette session a également été l’occasion d’une première expérience d’accompagnement à travers les cercles Magis. Quelle ne fut pas ma joie d’être le témoin du cheminement de chaque jeune : ouverture pour certains, apaisement pour d’autres, découverte plus en profondeur de sa foi, désir d’en approfondir tel ou tel aspect. La qualité d’écoute au sein de ces groupes de partage m’a particulièrement impressionné et aux dires de plusieurs, elle a porté beaucoup de fruit. Joie aussi d’apprendre à écouter vraiment, et parfois, de me risquer à une parole, un conseil, le tout sous l’œil aussi bienveillant qu’expérimenté d’une grande sœur Xavière ! Dans ce rôle de « grand frère », j’ai été très ému de pouvoir partager un peu de ce que j’ai moi-même reçu au cours de ma formation, notamment grâce à mes accompagnateurs spirituels. J’ai été également touché de voir combien tous les questionnements portés par les jeunes me permettent moi-même d’avancer dans ma foi. Enfin, j’ai été profondément marqué par la qualité des relations, et la tonalité de « légèreté profonde » que j’ai pu trouver dans nos échanges. Comme le soulignait à propos l’évangile de la transfiguration : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes… »[1]. Au-delà de toute l’organisation nécessaire en amont (par ailleurs bien utile), l’essentiel tient là : vivre entre nous une fraternité authentique, éprouver une joie profonde à partager ensemble aussi bien des moments de réflexion que des fous rire à table. De ce point de vue, cette session Magis fut vraiment une réussite, et nous aura laissé comme un goût de restez-y ! [1] Mc 9,5
Et entre le 27 juillet et le 11 août, il y avait aussi MAGIS Calais , au service des exilés, avec le P. Jacques Enjalbert sj qui nous donne son témoignage.
« Nous étions quatre de Magis Paris à nous rendre à Calais pour nous mettre au service des exilés, du 28 juillet au 11 août dernier. Accueillis par le P. Philippe Demeestère sj, qui vit sur place avec quelques-uns qui demandent l’asile en France, nous avons tâché de nous mettre à l’écoute et au service des exilés, en rejoignant notamment les volontaires du Secours Catholique.
Des exilés forcés de vivre dans la misère
Ce qui frappe le plus, c’est la misère dans laquelle sont maintenus ceux qui arrivent à Calais. La situation sur place est avant tout déterminée par la politique du refus de « points de fixation » qui conduit à une précarisation permanente et extrême des exilés car la réponse associative aux besoins les plus élémentaires en est en permanence compliquée. Le premier besoin d’un arrivant à Calais, c’est de se procurer une des tentes premier prix distribuées par les associations pour ne pas dormir dehors et rejoindre un campement. Les associations ne peuvent venir y distribuer nourriture ni y installer WC ni douches ou encore offrir un accès à l’électricité et la recharge des téléphones portables sous peine d’amende. Seule la dépose de citernes d’eau est permise. Sur place, les ordures n’y sont pas ramassées et s’accumulent. Les associations doivent donc proposer ces services à distance. Les campements sont régulièrement démantelés par les forces de l’ordre pour être le plus souvent déplacés simplement quelques dizaines de mètres plus loin. Les exilés absents au moment de ces opérations se voient confisquées toutes leurs maigres affaires qu’ils doivent récupérer dans un lieu excentré.
Tisser des liens de confiance
Passer sur les campements pour tisser du lien, être accueilli toujours avec grande dignité et joie autour d’un café au gingembre ou un thé à la cannelle sur les maigres feux de camps improvisés, donner les informations utiles aux nouveaux arrivants mais aussi ramasser régulièrement ensemble 100 à 150 sacs poubelles de déchets avec les exilés d’un campement, voilà nos matinées.
Être présent à l’accueil de jour du Secours Catholique, havre de paix qui accueille entre 300 à 350 exilés l’après-midi pour se laver à l’eau froide dans ce qui ne sont que des toilettes, entretenir son linge, recharger son portable, se couper les cheveux, mais aussi danser dans la cour, jouer au foot ou à des jeux de sociétés, prendre un cours de français ou d’anglais, réfléchir aux dangers du passage en Angleterre, aux conditions de la demande d’asile ou de l’accueil des mineurs (un quart d’entre eux ?) en France et au Royaume-Uni… En aidant ainsi, nous avons tissé de nombreux lien de confiance… Et vite la parole se libère pour dire les conditions parfois terribles de l’exil : l’esclavage et les sévices subis par ceux qui passent en Lybie, le danger des traversées par bateau, l’espoir d’une terre d’accueil pour une vie meilleure, les errances qui durent parfois des années… Moments d’humanité simple, qui ne peut que peu mais rappelle chacun à l’essentiel : nous sommes frères et sœurs… Et l’espérance toujours là qui relance malgré tout…
Saurons-nous un jour accueillir dignement ces hommes et ces femmes ? Leur offrir simplement l’essentiel ?
P. Jacques Enjalbert sj